Le motion design en bref
Le motion design est l’abréviation de « Motion Graphics Design », et peut-être défini de façon très simple comme du graphisme en mouvement.
Le motion designer est un touche-à-tout à la fois technicien et graphiste. Pour une même vidéo, il n’est pas rare qu’il dessine ses concepts à la main avant de les reproduire dans Illustrator, puis qu’il modélise un objet en 3D, filme une séquence réelle, importe le tout dans After Effects, créé les différentes planches du film afin de les animer et d’associer le tout en un film cohérent avec une direction artistique unifiée.
Un générique de Saul Bass
Le premier Motion Designer : Saul Bass
Saul Bass est un graphiste américain qui va imprimer son style particulier aux affiches de cinéma, avant de l’appliquer aux films eux-mêmes à travers leurs génériques d’ouvertures.
Même si l’on ne connait pas son nom, on a forcément au moins aperçu de loin le travail de cet artiste qui a animé de nombreux génériques de films cultes des années 50 à 90, pour des auteurs tels que Hitchcock ou Scorcèse.
A l’époque, pas d’ordinateur, forcément. Les animations étaient dessinées à la main, image par image, sur pellicule.
Aujourd’hui encore, ses disciples sont légion et son empreinte reste présente dans nombre de créations modernes.
Le numérique : la révolution
Le motion design a fait son chemin clopin-clopant, limité par la technique de son temps et les coûts importants qu’elle impliquait. Jusque dans les années 90.
C’est là, avec l’explosion de l’informatique personnelle et le développement des logiciels d’éditions graphiques, que ce qui allait devenir un art vidéo prend son envol.
La démocratisation du motion design a été fulgurante. Lorsque j’ai débuté voici 7 ans, c’était encore une niche, prête à exploser. Dans les agences de pub, on parlait plutôt d’infographie animée, d’animation graphique, ou de vidéographie. Ce sont les motion designers eux-mêmes, passionnés par leur métier, tous autodidactes, qui ont répandus le terme au fur et à mesure.
Aujourd’hui, le motion design est partout : entre les menus de nos smartphones, en ouverture / fermeture de pages de publicité, au début de chaque émission TV, dans les films institutionnels, les clips musicaux, les jeux-vidéos, les spectacles, les concerts, en projection sur des bâtiments, dans les films …
Il prend des formes variées selon les tendances et le motion designer : tantôt en 3D hyper-réaliste, tantôt en animation traditionnelle, tantôt en animation vectorielle, ou pourquoi pas un mélange des trois.
Il s’applique sur des images filmées en s’intégrant dans le plan comme s’il en faisait partie, ou simplement en aplat par-dessus un reportage sur BFM.
Il sert à informer, à distraire, à apprendre, ou simplement à améliorer l’expérience utilisateur d’une application (par exemple, les « réactions » facebook sont animées en motion design).
Quelles frontières pour le motion design ?
Avec le temps, le motion design s’est émancipé des représentations très simples de Saul Bass pour prendre corps.
Aujourd’hui, on y représente des personnages, dans des décors, qui interagissent, se déplacent, vivent parfois, selon les besoins du message.
La limite entre motion design et film d’animation est devenue de plus en plus floue : à quel moment termine le motion design et commence le film d’animation ?
Pendant un temps, on s’accordait à dire qu’à partir du moment où le personnage représenté s’exprimait lui-même, alors ce n’était plus du motion.
Personnellement, je ne suis plus d’accord avec ce consensus : si je veux faire intervenir mon personnage directement dans un motion explainer, mais que tous les codes de la vidéo correspondent au motion design, pourquoi considérer qu’elle est un film d’animation ?
De plus, en 3D, le motion designer devient à la fois réalisateur, cadreur, chef opérateur, comédien … Sur chacun de ses plans, il fait des choix de cadrage, d’éclairage, de focale … Pourtant, un film présentant la dernière bouteille de Coca Cola avec l’emploi de ces techniques reste un motion design … alors que ces mêmes techniques sont utilisées dans le cinéma au sens large !
Pour moi, la différenciation aujourd’hui ne peut plus se faire qu’au cas par cas : les lignes sont devenues trop floues pour être définies par des règles strictes et immuables.
Cela n’a plus de sens au sein d’un métier ou les lignes bougent sans cesse.
Ou arrêter d’apprendre, c’est mourir.
Et demain ?
L’âge d’or des « cow-boys » du motion design est (déjà) révolu. Il est fini le temps des quelques geeks autodidactes qui passaient de longues nuits sans sommeil dans after effects à pousser tous les boutons du logiciel. A présent, les formations fleurissent, les agences internalisent les compétences, des vidéos toutes plus innovantes les unes que les autres sortent chaque semaine.
Alors que deviendra-t-il demain, notre métier ? Je serais bien en peine de l’affirmer catégoriquement. Faute d’étude sérieuse sur le sujet, on ne peut se fier qu’aux « on dit », qu’à l’opinion de l’un et de l’autre.
Pour ma part, je vois un bel avenir pour le motion design. La 3D notamment va se développer considérablement dans les prochaines années et représente pour moi le prochain « boum » du métier. L’innovation est constante et hyper rapide. Le temps des rendus temps réels n’a jamais été aussi proche, rendant l’industrie accessible à des prix abordables à toute une nouvelle clientèle et ouvrant grand la porte au développement des applications 3D (AR, VR).
La vidéo est LE média essentiel pour communiquer en ligne : 22 milliards de vidéos sont vues chaque jour sur les réseaux sociaux. 80% des visiteurs d’un site vont regarder une vidéo et seuls 20% liront un article. 62% des recherches google incluent une vidéo. Youtube est le deuxième moteur de recherche le plus utilisé au monde (derrière google).
Le motion se retrouvant sous de nombreuses formes s’appliquant à pratiquement TOUS les types de vidéo, il est donc là pour longtemps.
… Et nous, les motion designers, aussi !