le titre de ma premiere bande demo de motion design

J’ai retrouvé ma première bande démo de motion design. Ce que j’en ai appris.

Il y a quelques temps, je fouillais au fin fond de mes disques d’archivages en quête d’un très vieux projet dont un client me demandait la mise à jour.

Lorsque je suis tombé sur un dossier intitulé sobrement « vidéos perso ». Curieux, je clique et me voici projeté 8 ans en arrière, en face de mes premières réalisations : reproductions de tutos, effets spéciaux, motion design et donc, un fichier « demo sept11.mpg ».

Mais avant de la regarder, revenons un peu en arrière.

 

Comment j’ai commencé ma carrière de motion designer

Nous sommes en l’an de grâce 2011. Je suis fraichement diplômé d’une école de commerce (Grenoble EM pour les curieux). J’ai dans mes bagages des stages en agence de publicité et chez l’annonceur, et l’envie d’essayer autre chose.

Je cherchouille du travail (du verbe cherchouiller) dans le cadre de mon diplôme, mais ce que je voudrais faire au fond, c’est des vidéos.

Alors je me promène à droite à gauche sur les internets, lorsqu’un beau jour … Je tombe sur une annonce dans un forum de 3DVF du style « salut, on cherche un motion designer d’urgence pour une animation, envoyez moi votre bande démo à coucou@blabla.com . Aller bisous les copains. »

Une bande démo, c’est quoi ce truc ? Me demande-je. Tout simplement un montage condensé des réalisations du motion designer, me répond Google.

2 heures de regardage de bandes démos plus tard, j’ouvre after effects et commence à travailler sur ma propre démo. Ou plus exactement sur son intro. Parce qu’elle va tabasser, mon intro, que je me dis. Parce qu’elle va tellement tabasser que même Spielberg il va venir me dire « bosse  pour moi, frère, assure ! » (spoiler alert : non).

Et j’y passe la nuit. Je veux avoir des morceaux de bobines qui défilent avec mes vidéos à l’intérieur, et je bricole des heures pour que ça marche. Je l’ignorais alors mais je vivais une première fois : la première fois que je me mettais la pression pour une vidéo, jusque là un loisir sans conséquence.

J’appuie sur rendu, je choisis une musique, je monte en rythme comme je peux et j’envois le résultat à l’adresse indiquée sur le forum.

Le lendemain, un vendredi, je reçois un texto « Hello Francis tu peux passer à la prod ce soir ? C’est pour Lundi. » 

Un week-end de dur labeur plus tard, je livrais ma première vidéo professionnelle.

Vieux moi, jeune moi, émoi, émoi, émoi

Retour au présent. Donc, disais-je, je fouille dans mes archives et ma première bande démo me tombe nonchalamment dessus. (Aie)

Je la glisse fébrilement vers l’icône VLC, et 2 minutes de nostalgie plus tard, je suis pris d’un mélange de honte et de sympathie pour ce jeune moi.

De honte parce que la bande démo commence par une citation un rien pompeuse et hors de propos (bon, carrément pompeuse mais chut). Parce que le travail est de qualité très moyenne, même pour les standards de l’époque. Parce que certaines séquences sont des repompes totales de tutos (#videocopilot.net). Parce que d’autres sont des séquences de tests nourries de rêves de grandeurs un tantinet puérils. Comme dirait l’autre. Poliment. 

Mais aussi de sympathie pour cet autre qui avait un rêve et qui a donné son temps, son coeur et son énergie pour aller au bout. Qui a marché contre les remarques insidieuses qui s’ignorent, celles qui s’assument, les « on dit ». Qui a passé des nuits dans son spacieux 15m carré à apprendre la 3D devant des tutos de 50 heures. Qui s’est planté encore et encore, qui a continué à s’investir encore et encore. Parce que le feu de la passion brûle fort.

… J’me kiffe putain.

 

Leçons

Revoir son travail d’il y a 8 ans, c’est un peu comme plonger au fond de sa conscience pour retrouver une version antérieure de soi-même.

Une version enfouie sous les années, les succès et les échecs, les amitiés nouées et dénouées, les projets entrepris et ceux qu’on a mis de côtés. Forcément : on change, en 8 ans.

Cette version antérieure de moi-même, elle était candide. Elle a mis au placard un diplôme d’ESC pour suivre un songe. Le referais-je aujourd’hui ?

Ce qui me fait penser à deux conseils, un pour le jeune moi (peut-être toi, ô noblissime lecteur), un pour moi aujourd’hui :

Au jeune moi : n’attends pas pour apprendre. N’attends pas d’accéder à une formation, d’entrer en MANAA (Mise à Niveau en Art Appliqués) ou que sais-je. Pirate les logiciels et bricole. N’écoute pas ceux qui disent que ce n’est pas un métier, reste sourd aux tristes sirs qui disent qu’il faut du talent. Le talent n’existe pas, il n’y a que le travail et l’ambition. Et si tu persévères, un jour, peut-être, on dira de toi « il a du talent » (goûte le paradoxe de ce paragraphe)

Au moi d’aujourd’hui : Mange 5 fruits et légumes par jours. Souviens toi que tu es content de ta démo aujourd’hui comme tu l’étais de celle d’hier. Corollaire : ne te satisfait pas de ce que tu connais et continue d’apprendre et de progresser. Partage tes connaissances parce que l’enseignement c’est top moumoute. Et si un jour la flamme s’éteint, alors arrête toi.

Obama, Out.

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